Benjamin Retourné, VP Product & Design chez BlaBlaCar : « La roadmap produit est avant tout un outil de communication »
- Par
- Pollen
- Publié le
- 22/11/2023
- Temps de lecture
- 4min
Benjamin Retourné a rejoint BlaBlaCar en 2014 en tant que Product Manager. Après avoir gravi les échelons, il occupe désormais le poste de VP Product & Design et dirige une équipe de plus de 50 personnes. Benjamin a contribué à la croissance de l’entreprise dont les produits sont aujourd’hui utilisés par plus de 100 millions de membres à travers 22 pays.
Avec son équipe, il a lancé avec succès de nouveaux marchés (Inde, Mexique, Brésil, CEE), et de nouvelles lignes de produits (bus et trains) tout en menant des projets stratégiques (M&A).
Qu’est ce qui a le plus changé dans le process de roadmap entre le moment où Benjamin est arrivé et aujourd’hui ? Quelles sont les bonnes pratiques et celles à éviter quand on construit sa roadmap produit ? Comment Benjamin décide-t-il de ce qui ne sera pas fait et comment communique-t-il les décisions prises ? Il nous explique.
Quelles sont pour toi les bonnes pratiques quand on construit sa roadmap produit ?
À mon sens, il y a une bonne pratique qui prévaut sur toutes les autres : faire preuve de transparence et de répétition. En effet, la roadmap est avant tout un outil de communication qui a pour but d’informer les acteurs internes sur ce que l’on va faire et ne pas faire.
Il s’agit donc de mettre au courant les collaborateurs des décisions que l’on va prendre et surtout d’expliquer les raisons pour que tout le monde comprenne la direction choisie et créer de l’adhésion.
Il faut bien avoir en tête que le process de roadmap produit sert à faire des choix vis-à-vis des capacités de l’entreprise. On doit donc aussi bien sûr décider ce que nous n’allons pas faire dans le cadre de ce process.
On confond souvent OKRs et priorités produit. Quelle est pour toi la différence ?
Les priorités produits ne sont ni plus ni moins que des priorités nécessaires pour réaliser les priorités de l’entreprise. Les OKRs sont un moyen de formaliser ces priorités, l’objectif. Ce qu’il faut garder à l’esprit c’est que l’on ne fait pas des OKRs justement pour en faire.
Ces outils sont parfois utiles pour des entreprises qui sont structurées, mais cela dépend surtout de leur taille, leur culture et leur maturité.
Qu’est ce qui a le plus changé dans le process de roadmap produit entre le moment où tu es arrivé et aujourd’hui ?
C’est finalement le process en lui-même. Depuis mon arrivée en 2014, la taille et la culture de l’entreprise ont changé. Au départ, l’objectif était l’internationalisation donc on lançait des fonctionnalités, des pays et on adaptait en fonction des retours. Nos décisions étaient alors beaucoup prises sur la base de notre intuition et de nos intentions stratégiques.
Aujourd’hui, c’est différent. Nous avons beaucoup plus de données sur lesquelles nous appuyer et donc nous mesurons l’impact de nos décisions plus facilement. J’ajouterai que la roadmap produit doit être vue comme un organisme vivant qui change de manière progressive en fonction du contexte de l’entreprise, sa taille, sa culture. En présence de signaux faibles, il faut savoir faire évoluer le process.
Tu insistes autant sur la communication de la roadmap produit que sur sa création. Pourquoi ?
Si je pars de notre expérience chez BlaBlaCar, nous nous sommes rendu compte de l’importance de communiquer à force de recevoir des feedbacks négatifs. Nous avions des remarques comme « de toute façon c’est l’équipe produit qui décide » ou « pourquoi avez-vous fait ce choix ? » Comment pouvions-nous espérer susciter de l’adhésion de la part des personnes s’ils ne comprenaient pas nos choix ?
Quel est le bon rythme de communication ? Et auprès de qui communiques-tu ?
Le bon rythme de communication est différent d’une boîte à une autre. Par exemple, BlaBlaCar est aujourd’hui une entreprise mature et nous avons beaucoup de projets sur le long cours. On communique notre roadmap produit et l’avancée de nos projets tous les mois à l’ensemble de nos collaborateurs, et nous donnons libre accès aux roadmaps pour ceux qui ont envie d’en savoir plus.
Dans les entreprises avec des projets plus petits, de courts termes, il est peut-être plus judicieux de communiquer plus souvent. Quoi qu’il en soit, c’est à chaque entreprise de trouver son modèle de communication.
Quels conseils donnerais-tu aux products managers/products leaders qui cherchent à améliorer leurs pratiques ?
La première chose à faire est de se poser la question suivante : qu’est-ce qui marche et qu’est-ce qui ne marche pas ? Puis, qu’est-ce que l’on veut optimiser ? Par exemple, chez BlaBlaCar, nous avons optimisé la transparence de notre roadmap dans un premier temps. L’année dernière on a rajouté une logique plus “P&L impact” dans nos décisions car cela manquait. Tout ceci est une évolution permanente, toujours avec un objectif précis.
Ensuite, il ne faut pas hésiter à rencontrer les autres collaborateurs. Sont-ils au courant de ce qu’est la roadmap produit ? Qu’est-ce qu’ils ont besoin de savoir ?
Enfin, j’en reviens à l’essentiel : la communication. La roadmap est un outil de communication. Si l’on ne le communique pas, elle ne sert à rien.
Dans sa session, Benjamin Retourné partagera son expérience et ses méthodes pour que vous puissiez construire et piloter une roadmap produit. Alors, si vous souhaitez optimiser votre process de roadmap produit pour maximiser son impact, sa formation « Construire et piloter une roadmap produit » s’adresse à vous ! Pour connaître les détails du programme, les objectifs et vous inscrire, c’est par ici !